Bélgica: Pommes de terre, bonne qualité, mais rendements en baisse de 20%

Les habitants de la région le savent bien. A cette époque, mieux vaut ne pas être pressé lorsqu’on emprunte la fameuse "Route d’Ath" (RN 56). Celle qui mène à Pairi Daiza est déjà très souvent le théâtre d’embouteillages. Désormais, elle est envahie de tracteurs aux remorques chargées de pommes de terre. Les récoltes ont commencé.

Nous avons rendez-vous à Ormeignies, à la ferme de la Petite Rosière. Ici, on produit environ 3000 tonnes par an. En 2015, les chiffres devront être revus à la baisse. "Les rendements sont en diminution d’environ 20%", confirme l’agriculteur. "Mais la qualité semble très bonne". Depuis qu’elles ont été plantées aux champs, les pommes de terre ont été soumises à des conditions climatiques particulières. Une fin de printemps très froide, puis un été chaud, "et surtout un manque d’eau, qui a stoppé le développement de certaines pommes de terre".

Les Bintjes, par exemple, sont d’un calibre plus petit cette année. "Mais restons honnête, nous devrions quand même avoir un rendement de 40 tonnes à l’hectare, ce n’est pas mal!", précise Thierry. "Celles que vous voyez ici, ce sont des Daisys". Leur calibre nous semble assez gros, "c’est vrai qu’elles sont résistantes au manque d’eau, donc elles ont bien grossi. Par contre, elles ont d’autres problèmes. Elles sont sensibles à la gale!". Les Daisys "en test" ont donc donné du fil à retordre à l’agriculteur. Pas sûr qu’on revoie de sitôt cette variété sur ses champs.

Quelles seront les prochaines étapes? "Les pommes de terre sont entreposées dans ce hangar de conservation. On est en période de séchage/cicatrisation. Les pommes de terre sont ventilées, pour homogénéiser le tas. La température va descendre, progressivement, jusque décembre".

Pour l’instant, une température de 15 ou 16 degrés est optimale. Parfait, c’est justement la température extérieure! D’une manière générale, l’extraction des pommes de terre se fait dans de très bonnes conditions cette année. "Ah oui, pas de pluie, c’est l’idéal! De toutes façons les pommes de terre ne peuvent pas être mises au hangar si elles sont mouillées. On n’arrache pas quand il pleut!"

La totalité de sa production est destinée à l’industrie, qui transformera les patates de Thierry en frites ou en purée. Quant aux prix sur le marché, "pour l’instant il ne décolle pas. Aux alentours de 10 euros les 100 kilos", nous apprend l’agriculteur. "Mais si la production est en baisse partout, cela va sans doute se solder par des augmentations de prix. Et je préfère ramasser moins, mais vendre plus cher. L’inverse de l’an passé, finalement, où on a récolté énormément pour un prix ridicule".

Juste de l’autre côté de la chaussée se dresse une autre ferme, la ferme "de la Grande Rosière". Là aussi, la récolte bat son plein, sur les 20 hectares que possède la famille Dermaut. Le travail est intense, "de 7h30 du matin jusqu’à 11h soir" nous explique Hélène Van Quickelberghe, "la patronne". Sa belle-mère surveille le tapis roulant, enlevant de temps à autres une grosse pierre.

La qualité de la récolte semble bien au rendez-vous. "Pas de pomme de terre difforme", constate Marie-Madeleine Debouverie. Et vu la relative sécheresse, cette année, le mildiou a "laissé tranquille" les agriculteurs. Ici aussi, les rendements sont en baisse. "Au moins 20%", affirme Hélène. "D’ordinaire, à ce stade, vous devriez voir le tas de pomme de terre s’étaler jusqu’ici", nous indique sa belle-mère. La ligne qu’elle nous montre est à plusieurs mètres du tas actuel. Les équipes sont à mi-parcours. "On a commencé jeudi. On en a jusque jeudi, en principe, SI il n’y a pas de panne. C’est notre plus grande frayeur!", concluent les deux femmes.