Nueva Caledonia: L’IDÉE DE LA POMME DE TERRE GERME À NOUVEAU
Une poignée d’agriculteurs plante actuellement des pommes de terre sur ses champs, après avoir obtenu un quota de la part de l’Ocef qui gère cette filière. Un moyen d’éviter le recours à l’import.

Une matinée ensoleillée sur les parcelles, déjà préparées, de René Videault. Elles s’apprêtent à se transformer en champs de pommes de terre. René connaît déjà bien le tubercule. Il fait partie de ceux qui l’ont déjà planté, avec son propre père (lire en page 21), probablement sur ces mêmes concessions familiales, lorsqu’il était adolescent.
Car si elle est traditionnellement cultivée à La Foa et Bourail, la pomme de terre avait déjà été cultivée, il y a longtemps, à Pouembout. Ce retour fait suite à une démarche de la Coopérative d’utilisation de matériel agricole des céréaliers de Pouembout, qui en a fait la demande au gouvernement. L’Ocef, en charge du secteur depuis 1976, s’est montré intéressé et a accordé un quota à Pouembout.
Semoir traditionnel
Désormais cultivateur de maïs, René Videault voit cette nouveauté comme un atout : « On s’aperçoit qu’on va peut-être bientôt saturer en maïs. Il faut que l’on diversifie nos
cultures. Et puis, on se lance aussi pour l’amour de l’agriculture. »
Il ouvre les sacs de semences fournies par l’Ocef, inspecte les pommes de terre germées. En compagnie de son fils Laurent et d’un ami, il disserte sur leur taille, leur couleur, les techniques à employer, les variétés. Tranquillement, le semoir mis à disposition par un confrère de la province Sud est installé, prêt à l’emploi.
C’est une machine « à l’ancienne », qui nécessite l’assistance de deux personnes pour mettre les tubercules en terre, assises à l’arrière de l’engin. Du matériel bien différent de celui, très moderne, dont il a l’habitude de se servir pour semer son maïs. Tout doucement, pour vérifier que les pommes de terre soient bien régulièrement plantées, il quadrille le terrain qu’il devra avoir terminé dans la journée. En tout, les pommes de terre seront plantées sur 14 hectares appartenant à six exploitants différents.
Objectif : 300 tonnes
Adeline Cretin, directrice de la section pomme de terre, explique l’intérêt de cette opération pour l’Ocef : « Chaque année, on fait planter de quoi approvisionner tout le marché, si tout va bien. Et puis, nous importons le complément, quand c’est nécessaire. » Elle ajoute surtout que, depuis plusieurs années, les objectifs de production, fixés à 2000 tonnes par an, ne sont pas souvent atteints, en raison des aléas, conditions climatiques ou phytosanitaires notamment. Alors, le recours à l’import, qui s’élève à 400 tonnes les bonnes années, a parfois pu atteindre jusqu’à 1700, voire 1 800 tonnes. « À Pouembout, nous visons 300 tonnes d’objectifs, ce sera peut-être ce qui nous permettra de ne pas recourir à l’import, si l’année est bonne », affirme la directrice.
En attendant, les agriculteurs de Pouembout sont surtout impatients de connaître le rendement sur leurs terres. La grande inconnue. Avec l’espoir de pouvoir pérenniser cette diversification : « C’est un essai pour nous. Si on voit que ça marche, il faudra s’organiser, s’équiper, investir », lance René Videault. « Nous voulons être des moteurs pour nos jeunes », poursuit-il.
Ils sont accompagnés dans
cette démarche par la province Nord et notamment Vaimoana Fogliani, technicien en maraîchage et tubercules tropicaux, qui apporte un appui technique. Un suivi hebdomadaire est donc mis en place avec un passage du Groupement de défense sanitaire végétal toutes les deux semaines, les contaminations par le mildiou ou le ralstonia faisant des ravages sur ce type de culture. Nul doute qu’ils ne seront pas les seuls à observer, à la loupe, l’évolution de ces plants de pommes de terre.
Fuente: http://www.lnc.nc/article/