Francia: Ces patates belges qui poussent en France en toute illégalité
Des agriculteurs belges qui sous-louent, illégalement, des terres en France, échappant au passage à tout contrôle sanitaire et pression fiscale, le phénomène n’est pas nouveau le long de la frontière.

Alors que la récolte touche à sa fin, les producteurs sambriens de pommes de terre n’ont pas vraiment la patate. La faute surtout aux mauvaises conditions climatiques de ces derniers mois (lire plus bas) mais aussi à un phénomène qu’ils voient se développer le long de la frontière. Un parasite pas bien méchant mais qui peut parfois « jouer sur le moral ». À plus forte raison lorsque, comme cette année, la récolte n’est pas bonne.
Leur doryphore à eux vient du royaume d’à côté. Des producteurs belges de plus en plus nombreux à venir faire pousser des pommes de terre en France. « Chez eux, les terres disponibles commencent à manquer et sont donc beaucoup plus chères qu’ici, analyse un producteur sambrien pour expliquer ce phénomène. En Belgique, l’industrie de la pomme de terre est beaucoup plus développée qu’en France. C’est exponentiel. » Un contexte qui pousserait certains agriculteurs à franchir la frontière pour cultiver en France, sur des terres qu’ils sous-louent. « Les producteurs louent généralement une grosse partie de leur exploitation à des propriétaires terriens. » Des baux de plusieurs années encadrés par le statut du fermage qui interdit toute sous-location, sous peine de résiliation.
« Par facilité »
Pourtant, malgré cette interdiction légale, de plus en plus d’agriculteurs français cèdent « par facilité » à l’appel d’outre-Quiévrain. « Chacun y trouve son compte, estime un autre producteur sambrien. Pour les Français, la sous-location permet de déléguer du temps de travail sur sa ferme tout en ayant un revenu assuré. En temps de crise, ça peut être tentant. »
Plus que cette entorse à la loi, c’est l’absence totale de contrôle qui irrite certains exploitants du val de Sambre. « Les Belges arrivent avec leurs plants et leurs produits sans rien dire à personne et on ne les embête pas. Alors que nous sommes super contrôlés. » Traçabilité des plants, recherche d’éventuelles maladies, nature des produits phytosanitaires utilisés ou encore analyse de la production après récolte, autant de contrôles qui échappent à ces exploitations non déclarées.
À cette pression sanitaire moindre s’ajoutent quelques avantages fiscaux. « Beaucoup d’agriculteurs belges sont imposés sur ce qu’ils produisent. Tout ce qu’ils récoltent en France en sous-louant des terres échappe donc généralement à cet impôt. Et puis, en faisant venir leurs produits phytosanitaires de Belgique ils ne s’acquittent pas de la redevance pour pollution diffuse que nous devons payer en France. »
Si la plupart des interlocuteurs institutionnels reconnaissent l’existence de ce phénomène, tous ou presque avouent leur impuissance. Au jeu du « pas vu, pas pris », certains agriculteurs belges tirent leur épingle du jeu. Pas de gros manque à gagner pour les producteurs français mais plus un impact moral. Une « frustration » qui s’ajoute à la crise.
Sale temps pour les patates
Un printemps humide et plutôt froid, une fin d’été marquée par la sécheresse. D’un bout à l’autre, cette année n’aura pas été favorable à la culture de pommes de terre. Un constat que confirme François-Xavier Broutin, de l’Union nationale des producteurs de pommes de terre (UNPT) : « Nous n’avons pas encore de chiffres définitifs mais des tendances se dégagent. Selon nos premiers prélèvements, on part sur une base de 10 % de rendement en moins. » Une diminution de la production compensée, en partie, par une augmentation des surfaces cultivées, +6,8 % pour le périmètre de l’ancienne région Nord – Pas-de-Calais
Fuente: http://www.lavoixdunord.fr/69947/article/2016-11-05/ces-patates-belges-qui-poussent-en-france-en-toute-illegalite